Arts et Révolution

L’exposition est toujours visible au musée public national des beaux-arts, au 3ème étage, aile est, salle Bachir Yellès (tous les jours de 9h à 18heures, sauf le dimanche et le vendredi matin.

Au début des années 1960, des artistes plasticiens venus de différents horizons d’Amérique Latine, d’Europe et d’Asie, ont adhéré à la cause indépendantiste algérienne, et ont offert des œuvres par sympathie envers cette jeune nation en train de naitre. Aujourd’hui, par le biais de l’exposition « Art et Révolution », le musée national des Beaux-arts d’Alger, leur rend hommage.

Au sein de cet ensemble très divers, rassemblant différents thèmes, certaines œuvres traitent directement de la guerre de libération. Dans la gravure de Viseux Claude, on peut deviner le geste criminel d’hommes tenant des armes à feu et la silhouette d’une personne au sol, gisant désarticulée.

Mihailovitch Bata, yougoslave, (né en 1923), place deux personnages, dans une atmosphère tourmentée, et la hachure rouge rappelle les fils de fer barbelés.

Cremonini Léonardo, italien (né en 1925), dans « opposition de masses à Alger », fait allusion ici aux grandes manifestations qui se sont déroulées en décembre 1960, qui ont été très couteuses en vies humaines.

Arroyo Edwardo, espagnol (né en 1937), avec le « dernier colonialiste », parodie l’impérialisme et le militarisme français en faisant grimacer le général Bonaparte.

Siné, célèbre dessinateur de presse français, compare le chasseur parachutiste en tenue camouflée, à l’homme de la préhistoire.

Henri Maurice, (français né en 1907), représente le général Massu, qui fait du « porte à porte » importunant les braves gens, en frappant à leurs domiciles, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Duenas Espinoza, péruvien, (né en 1926), avec sa série de gravures intitulées  « les flagellés », dénonce la brutalité dont fait preuve la soldatesque sans scrupule, en temps de guerre. Le personnage représenté de manière répétitive, porte des traces de coups de fouet, nous couvre à revenir aux œuvres de la renaissance germanique pour rappeler le Retable d’Issenheim de  Mathias Grünewald et le corps mortifié du christ.

Moins sombres, d’autres œuvres nous font oublier les affres de la guerre. Ces créations sont néanmoins nimbées de mystères : on ne saisit pas aisément la motivation d’un Bertholo René, portugais, (née en 1935), qui assemble des visages avec des maisons et des numéros.

Ces artistes perturbent notre entendement lorsque, avec Lurçat, on s’interroge sur la signification du soleil : est-il symbole de vie, l’artiste qui n’hésitant pas à représenter une poire au premier plan, d’une marine. Dans un collage de Berthier Jean, français, (né en 1924), un profil humain apparait d’extirpant difficilement de l’assemblage de papiers découpés.

Lardera Berto artiste italien, (1911-1989), et Trotzig, Suédois, (né en 1925), transforment littéralement l’art du paysage en visions abstraites.

Lundburg Bertil, nous propose sous le titre« d’un souvenir », une curieuse évocation qui semblerait trouver  sa source dans l’architecture.

Dans « la question », de Gasquet Vasco, français (né en 1931), un groupe de figures féminines à peine esquissée, semble être une réminisonce  avec des intérieurs orientalistes du XIXème siècle.

Le paysage comme la nature trouvent ici une interprétation toute contemporaine : Signac Ginette, artiste Française, nous présente Séville, comme une carte postale de vacances : dans cette une vue de la ville en hiver, le minaret donne l’illusion que l’on se trouve au Maghreb, au Maroc ou en Algérie. Tabuchi Yasse (japonais, né en 1921), de par son héritage culturel artistique, confère à la nature une dimension poétique originale avec son « nuage d’étincelles » dont ou ne sait s’il est annonciateur ou dénonciateur.

Cornille Cornilis Van Berloo, hollandais, (né en 1922), transfigure lui aussi le paysage algérien et lui affecte  une signification quasi-abstraite.

Les œuvres de ceux qui suivent, ont en commun qu’elles proposent une stylisation de la figure humaine ou animale, qu’il s’agisse, d’un taureau ou  des personnages ailés faisant penser à l’Art africain et à Picasso.

C’est le cas chez Lam Wifredo, cubain, (né en 1902), ou encore dans les silhouettes féminines du sculpteur français, Hiquily Philippe, (français, né en 1925), connu pour ses mobiliers surréalistes, duquel l’exposition présente « la grappe », dessin d’une facture rapide et péremptoire.

Cette exposition aura été une fenêtre sur l’art du XXème siècle, un siècle picturalement plus vaste que n’importe quelle autre, plus précisément en ce qui concerne les années 1950-1960. Différente visions du monde et de l’Evènement, nous ont été présentés, nous retiendrons aussi qu’il n’est pas impossible pour l’Algérie de trouver des alliés inattendus dans les milieux culturels et intellectuels les plus divers et les meilleurs même, au moment où elle vit ses heures les plus sombres.

L’exposition est toujours visible au musée public national des beaux-arts, au 3ème étage, aile est, salle Bachir Yellès (tous les jours de 9h à 18heures, sauf le dimanche et le vendredi matin.

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