Mohamed Temam

Mohamed Temam, dont  le Musée national des beaux-arts possède  plusieurs œuvres  de différentes périodes :  une nature morte aux pommes,  offerte à l’institution en 1938, un bord de rivière dans l’esprit de Marquet, « le bouquet »,   « l’homme bleu »,  un portrait de femme, enfin  une rosace acquise après son décès auprès d’une galerie, fut un peintre dont l’art n’a cessé d’osciller entre le traditionnel et le contemporain.

Mohamed Temam, dont  le Musée national des beaux-arts possède  plusieurs œuvres  de différentes périodes :  une nature morte aux pommes,  offerte à l’institution en 1938, un bord de rivière dans l’esprit de Marquet, « le bouquet »,   « l’homme bleu »,  un portrait de femme, enfin  une rosace acquise après son décès auprès d’une galerie, fut un peintre dont l’art n’a cessé d’osciller entre le traditionnel et le contemporain.

« Cet homme, d’une incommensurable liberté, a pu concilier une mémoire culturelle qui lui était propre à celle d’autres communautés humaines. Lorsqu’il peint sur toile, son art l’apparente à l’Europe et aux meilleures conventions de l’art universel. La miniature, l’enluminure sont en revanche les pleines expressions de son Algérianité  et de son adhésion aux préceptes de l’art populaire comme à ceux de l’art arabo-musulman », est-il écrit à propos de Mohamed Temam qui assume, pleinement cette dualité « passant avec une aisance incomparable d’une technique à l’autre en posant, pour chacune, les fondements d’une éthique très personnelle basée sur la sensibilité , l’harmonie et la dimension mystique de l’art ».

Doté d’une solide formation pluridisciplinaire et d’une riche culture universelle ainsi que  d’une créativité en constant éveil, Mohamed Temam,  tout en puisant ses sujets dans le patrimoine algérien, s’intéressait aux recherches plastiques menées en Europe et aux nouveaux courants artistiques.

C’est ainsi qu’après avoir revisité l’art traditionnel algérien en y ajoutant sa propre touche ou plutôt son génie,  réalisant tout d’abord des miniatures et  des enluminures sur les thèmes de son enfance (architecture de la Casbah, bijoux, instruments de musique, mosquée…), puis le plasticien est passé aux portraits, aux natures mortes, aux paysages peints dans un style académique moderne, dans des tonalités qui apparentent aux meilleurs maîtres de l’école de Paris des années 30.

« Temam était un artiste trop individualiste pour s’enfermer dans une démarche picturale formelle, pour se contenter de l’exploration d’un champ pictural ou de l’élaboration d’un style. Son art est disparate, hétérogène et riche en emprunts divers (orientaux et occidentaux) sans aucun complexe », écrit M. Mohamed Djehiche, historien de l’art ajoutant « Temam a développé une acuité particulière pour les objets et la nature qui l’environnent et il s’en sert avec beaucoup d’adresse comme support à la méditation et à la rêverie », est-il ajouté.

 

BIOGRAPHIE

Mohamed Temam, dit Sid Ali, est né  le 23 février 1915 à la Casbah d’Alger. Il est l’aîné de trois enfants (un garçon et une fille).  Il fréquenta l’école « Brahim Fatah » et  le déclic pour l’art  eut lieu en 1927 lorsqu’il visita l’exposition des « Arts indigènes algériens » organisée à la medersa « Bencheneb » à laquelle participait  Omar Racim  (avec des miniatures).

Il fréquenta  l’Ecole des arts traditionnels de 1928 à 1936 où il eut comme enseignants Omar Racim et Omar Kechkoul  qui était chargé du cours  de sculpture et de décoration sur bois.  Ses aptitudes sont telles qu’il obtiendra 2 premiers prix et 4 seconds prix. Il découvre aussi la céramique dans l’atelier de Mahieddine Cherrad.

Il participa en  1934 au 34ème Salon de la Société des artistes algériens et orientalistes  en y exposant six œuvres. Trois miniatures intitulées « Fumeur de kif »,  «  Poète persan » et « Mejdoub » et trois peintures (« La prière du solitaire », « Marocain » et « Bouzaréah »).

Entre 1934 et 1935, il participa à plusieurs expositions et Salons et obtint  le prix d’enluminure au Salon artistique de l’Afrique du Nord. Il obtint  une bourse d’études et s’inscrivit à l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris. En 1937, il organise une exposition  personnelle à Alger et en 1938 participe au 13ème Salon de l’Union artistique de l’Afrique du nord avec une nature morte qu’il offrira au Musée national  des beaux-arts  consacrant ainsi , comme l’ont fait avant lui Mohamed Racim et Azouaou Mammeri , l’entrée de l’art algérien dans ce musée renfermant des œuvres  universelles.

Durant la période 1939-1943, il est mobilisé de force dans l’armée française puis arrêté et emprisonné  par l’armée allemande.  En 1941, 4 de ses œuvres  (2 natures mortes et 2 enluminures) figurent au 14è Salon de l’Union artistique de l’Afrique du nord qui lui décerne une médaille d’argent.

En 1944, il participa à l’exposition organisée par Omar Racim au Cercle franco-musulman à Alger avec 12 œuvres  et en 1946 ses œuvres sont exposées à Oslo et Stockholm lors de la tournée organisée par Mohamed Racim  et participa au Salon des peintres du Maghreb tout en exposant dans différentes galeries d’avant-garde.

En février 1960, il exposa au Club des 4 vents (Paris) avec un collectif d’artistes d’Afrique du nord, notamment Khadda ; De plain-pied, le voilà intégrait la nouvelle école de peinture qui venait de prendre racine au Maghreb.

Pendant la Guerre de libération nationale, il milita au sein de la Fédération FLN de France et à l’Indépendance du pays , il est nommé Conservateur  du Musée national des Antiquités classiques et musulmanes, poste qu’il occupa jusqu’à son décès le 15 juillet 1988. Parallèlement, il enseigna à l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger (la miniature et l’enluminure) tout en participant à la mise en place d’expositions et de l’Union nationale des arts plastiques (UNAP) dont il fut un des membres fondateurs.

Il fut également sollicité pour des commandes officielles, la conception des diplômes présidentiels, des maquettes de timbres et de billets de banque, tout comme il présida à différents jurys de distinctions artistiques.

Sources biographiques « Le message du ramier », MNBA, 2007.